La tactique aux échecs

« Les échecs » selon le maître allemand Richard Teichmann (1968-1925), « c’est 99% de tactique ». Bien que cela puisse paraître absurde, ne laissant qu’1% à la stratégie ainsi que tout le reste, Teichmann avait raison de souligner l’importance du jeu tactique. En effet, toute stratégie, patiemment construite, peut être ruinée instantanément par un coup tactique.
La tactique et la stratégie sont des concepts liés, qui travaillent main dans la main.

  • La stratégie est un plan qui nécessite une pensée générale, souvent réalisable sur plusieurs coups. Exemple de stratégies : contrôler le centre, préparer un grand roque, faire doubler des pions adverses pour abîmer une structure de pions, échanger les Dames pour entrer dans une finale gagnante, placer une Tour en 7e ou sur une colonne ouverte, gagner la paire de Fous, échanger des pièces pour diluer l’effet d’une attaque ennemie, échanger pour ne pas suffoquer si vous contrôlez moins d’espace que l’adversaire, etc.
  • La tactique est une opération de courte portée qui souvent fait partie de la stratégie. La tactique implique généralement des coups peu nombreux, mais précis.
    Il y a deux types de tactiques, celles qui s’articulent autour d’un mat et les autres.
    La première, évidemment, mène à l’échec et mat, la deuxième, à un gain matériel.
    Les tactiques ne menant pas à un mat sont généralement basées sur des attaques doubles, présentant à votre adversaire deux problèmes à la fois.

5 tactiques de base

1. La fourchette (fork)

fourchette de Cavalier (Knight fork)

Le pousseur de bois sait qu’une fourchette n’est pas qu’un ustensile de table (formé d’un manche et de pointes parallèles et incurvées). En effet, aux échecs, la fourchette consiste à attaquer 2 ou plusieurs pièces ennemies en un seul coup. La fourchette est réussie si l’adversaire ne parvient pas à sauver ses deux pièces. Mais il arrive que les deux pièces puissent être sauvées, si la pièce qui s’enfuit protège celle qui est attaquée, si elle délivre un échec ou si elle crée une menace sérieuse, devant être parée. Le temps gagné est alors utilisé pour sauver son amie.

L’exemple ci-dessus, illustre une fourchette typique de Cavalier. Le Cavalier attaque simultanément le Roi et une Tour. Quand le Roi aura bougé pour parer l’échec, le Cavalier capturera la Tour et gagnera la qualité.

2. Le clouage (Pin)

Le Fou blanc cloue le cavalier noir qui ne peut pas bouger

Le clouage empêche ou dissuade une pièce ennemie de bouger, en effet, en bougeant, la pièce expose une case clé ou une pièce de valeur supérieure.

Dans l’exemple ci-contre, le Cavalier noir ne peut capturer le blanc parce que le Fou blanc le cloue. Il s’agit d’un clouage absolu (impossibilité de bouger car le Roi serait en échec). Mais les clouages peuvent aussi être relatifs (possibilité de bouger).

3. L’enfilade (Skewer)

Enfilade de Fou (skewer), les noirs perdent leur dame

L’enfilade ressemble au clouage, mais à l’envers, en d’autres termes, la pièce la plus importante se trouve en face de celle de moindre valeur.

Dans l’exemple ci-contre, le Fou délivre un échec et capture la Dame au prochain tour.

4. Elimination du défenseur (undermining)

Elimination du défenseur (Undermining) Fou capture pion puis Tour prend Cavalier

L’élimination du défenseur a lieu quand quand une pièce adverse protégeant l’une de ses collègues est déconnectée de sa protégée ou éliminée.

Dans cet exemple, le Fou se sacrifie momentanément en capturant le pion noir. La Tour noir le capture et la Tour blanche capture le Cavalier.

5. Attaque à la découverte (discovered attack)

Attaque à la découverte (Discovered attack) Les noirs perdent leur Dame

L’attaque à la découverte a lieu quand une pièce bouge pour libérer une ligne (colonne ou diagonale) pour une pièce alliée. La pièce alliée attaque ainsi une pièce ennemie sans même avoir bougé. En général, la pièce qui bouge attaque également, ce qui décuple la puissance de l’attaque.

Dans cet exemple, les noirs perdent leur Dame après l’échec délivré par le Fou.