Il était une fois le Paco Sako. Dans ce nouveau royaume, les pièces d’échecs ne capturent plus, mais forment des unions. Quand les pièces sont unies, elle se déplacent à deux, cela s’appelle une danse.
L’échiquier, autrefois champ de bataille, devient une salle de danse. Bienvenue au bal.
Les pièces du Paco Sako n’ont qu’une envie, danser un tango avec le Roi de l’autre couleur. Une seule pièce aura ce privilège. La partie se terminera sur cette dernière danse.
Certains joueurs de l’ancien royaume connaissent le tango des Cavaliers noirs (Black Knights’ Tango opening). Oubliez donc cette ouverture et appréciez un vrai tango de Cavaliers !
Il est tard, la pleine lune s’étale, ainsi qu’une médaille neuve
Les bases se complètent. Au Paco Sako, la Dame n’est plus veuve.
Dans le royaume du Paco Sako, il n’y a pas de guerre. En effet, Paco signifie « Paix » en esperanto. Mais le Pako Sako n’est pas seulement un royaume nouveau, il est pluralité.
Le Pako Sako est un artefact polymorphe.
Il est à la fois œuvre d’art, variante d’échecs et hymne à la paix. Cette variante venue de l’espace (de Hollande-Méridionale plus précisément) va vous sidérer. Il s’agit, à mon sens, de la meilleure variante d’échecs jamais inventée depuis les échecs 960 de Fischer.
Quelques nominations et récompenses en vrac décernées au Paco Sako :
- Nommé au Dutch Boardgame Awards 2018 (seconde place)
- Nommé au TOTY awards 2018 (Dutch Toy of the Year)
- Reçoit le PAX Dove of Peace award 2017
- Note BoardGameGeek le 14/01/2021 : 7.8/10 (105 votes)
Et parce qu’une image vaut mille mots et qu’une vidéo vaut 6 millions d’images, voici l’aperçu en vidéo (avec des paroles !)
Cet article est rédigé en collaboration avec Felix Albers, artiste portraitiste hollandais et auteur de cette variante échiquéenne.
Vous l’aurez compris, dans le « Paco Sako » (respectivement; « paix » et « échecs » en esperanto), les pièces ne capturent pas, mais forment des unions. Ces unions dansent (se déplacent) en binômes sur l’échiquier. L’objectif est d’unir l’une de nos pièces au Roi adverse. La partie n’est donc plus clôturée par un échec et mat, mais par une union finale (appelée « Paco »).
Sommaire :
I - Introduction II - Unboxing III - Puzzles A) Problèmes faciles B) Problèmes moyens et introduction aux boucles C) Problèmes difficiles IV - L'histoire du Paco Sako V - Liens
I – Introduction et présentation du Paco Sako
«Si tous les artistes ne sont pas des joueurs d’échecs, tous les joueurs d’échecs sont des artistes.» Cette citation de Duchamp, le pousseur de bois ne la connaît que trop bien (il s’en enorgueillit même). Le Jeu d’échecs était déjà, Roi des jeux, science, sport, le voici hissé au rang d’art. Mais Marcel n’est pas le seul artiste reconnu à jouer aux échecs. En effet, la Hollande abrite aussi son maître de l’art (et joueur d’échecs) : Felix Albers.
C’est en 2017 que Félix crée le « Paco Sako », un terme esperanto qui se prononce « patso chako ». Cela donne en français « Le jeu d’échecs de la paix ». Lorsque la partie s’achève, le joueur ne déclame pas « mat » (mort), mais « Patso » (paix). Un beau message de paix récompensé en 2017 par le « PAX Dove of Peace ».
C’est pour aspirer à cette paix universelle que le nom est en esperanto. N’oublions pas également que le jeu d’échecs EST une langue universelle.
Parles-tu échecs ?
En effet, le jeu d’échecs, à l’instar d’une langue universelle peut être comparé à un esperanto. Les joueurs viennent de tous les continents et s’attablent plusieurs heures pour « parler échecs ». Cette discussion structurée est clôturée (souvent) par la mise à mort symbolique d’un des deux monarques. L’analyse post mortem de la partie se fait parfois en anglais, souvent par gestes et déplacements de pièces.
La petite mort :
Aussi, plus le dévouement du joueur à l’égard des échecs est grand, plus l’échec lui est pénible. Cette pénibilité devient parfois « euphémisme », certains considérant la défaite échiquéenne comme une « petite mort ». Fischer lui-même (bien qu’il ne soit pas un modèle de stabilité psychique) pleurait après une défaite.
En effet, le jeu d’échecs est un miroir de la personnalité. Les motivations des pousseurs de bois sont multiples : Manifestation des pulsions agressives, désir irréfréné de vaincre pour le premier. Goût du risque, appétence au chaos, à la combinaison étourdissante pour le deuxième. Simplicité, recherche de vérité, amour de l’art, de la pureté pour le troisième. Mélange des 3 pour le quatrième, etc.
Mais quelle que soit la raison qui pousse le joueur à jouer, la défaite est toujours empreinte de cette abominable notion… d’anéantissement (même si, paradoxalement, elle est constructive) !
Ainsi, existe-t-il un moyen de jouer au jeu d’échecs, sans meurtre, sans massacre à l’ouverture, sans ethnocide des pièces blanches ou noires ?
Eh bien oui ! Depuis 2017, grâce au fameux « Paco Sako ».
Nouveau Gameplay échiquéen :
Dans cette variante, les pièces d’échecs conservent leurs marches habituelles.
Toutefois, plusieurs éléments du jeu changent :
- A) Créer une Union : Les pièces ne se capturent plus mais s’unissent. Deux pièces de couleurs différentes sur une même case forment ainsi une Union (un couple). Attention : une Union ne peut pas s’unir avec une autre Union (pas de plan à quatre)
- B) Déplacer une Union (danser) : L’Union appartient à la fois au joueur des Blancs et au joueur des Noirs (aucune Union n’est permise entre deux pièces d’une même couleur, ce serait incestueux ! Elle peut donc être déplacée par tout le monde. Le déplacement d’une Union est relative à la marche de la pièce que vous possédez. Exemple : une Union formée par un Pion noir et une Dame blanche pourra être déplacée comme un Pion par le joueur Noir et comme une Dame par le joueur Blanc. Ce déplacement est comparable à une danse de couple.
- C) Remplacer une Union : Seule une pièce libre (seule) peut remplacer la pièce de sa couleur d’une Union déjà existante (un peu comme si une personne allait racoler une personne déjà en couple pour la faire divorcer. il y a divorce et nouveau mariage). La pièce libérée obtient un déplacement bonus (il faut bien la placer quelque part et la consoler car elle devient célibataire. Cette dernière peut atterrir sur une case vide, mais également à son tour libérer une autre Union (si elle atterrit sur une Union déjà en place), créant des réactions en chaîne et éventuellement des « boucles » (lorsqu’une pièce libère une pièce qui l’a libérée).
- D) But du jeu : L’objectif n’est plus de faire échec et mat, mais de former une union avec le Roi adverse (paco).
- E) Concept d’échec (sako) : Il n’est pas obligatoire de parer un échec (bien que recommandé si vous ne voulez pas perdre). Le Roi est en échec lorsque, au prochain coup, une pièce ennemie peut former une Union avec lui (gagnant la partie). Ainsi, le Roi peut être mis en échec par une pièce solitaire (comme aux échecs normaux), mais également par une Union (seulement si elle peut être libérée. Car une Union seule ne peut amorcer une Union avec une autre pièce).
- Les conditions du roque restent inchangées : Vous ne pouvez donc pas roquer si une Union pouvant être libérée contrôle l’une des cases que votre Roi doit parcourir pour roquer.
Ce qu’apporte ce gameplay :
Ces modifications du gameplay échiquéen changent drastiquement la nature du jeu. Ainsi, il n’y a plus de captures, toutes les pièces restent en jeu. Le concept d’Union et les boucles ainsi générées déclenchent des combinaisons spectaculaires (qui peuvent rappeler le jeu de Dames international). Ce jeu rappelle aussi Solitaire Chess (Solo Chess). Progressivement, de nouveaux motifs tactiques intrinsèques à cette variante viendront incrémenter votre esprit. Cette variante nouvelle nous offre un dynamisme, des combinaisons étourdissantes ainsi qu’un univers encore inexploré.
Art de la paix :
Cette variante, ou, devrait-on dire, ce jeu d’échecs parallèle, crée un véritable renouveau échiquéen. Le jeu d’échecs traditionnel repose sur des notions de gain matériel, sacrifice et mise à mort. C’est un jeu reconnu comme « art de la guerre ».
Le Paco Sako quant à lui est l’expression de « la paix, l’amitié et la collaboration » (traduction littérale de la description du jeu proposée par Felix). Les pièces ne s’éteignent plus mais s’étreignent. L’armure tombe, l’art de la guerre mue en art de la paix. Le Paco Sako est un peu l’image inversée du jeu d’échecs, une projection de ce dernier dans un univers parallèle et non belliqueux. Il n’en fallait pas plus au Paco Sako, pour recevoir le PAX Dove of Peace award 2017.
Remodeler son cerveau :
Jouer au Paco Sako si vous jouez beaucoup aux échecs n’est pas chose aisée. Certains réflexes acquis lors de votre parcours initiatique échiquéen généreront des interférences proactives avec le gameplay du Paco Sako. Vos pièces resteront en « prise », des Unions iront rôder près de votre monarque, vos connaissances en structures de pions, ouvertures, finales, ne vous seront pas utiles. Votre vision tactique devra s’étayer de nouveaux motifs propres au Paco Sako.
Mais des éléments du jeu d’échecs resteront néanmoins immuables, développement, initiative, contrôle du centre, calcul de variantes poussées, choix des Unions (dois-je unir ma Dame à un Cavalier et prendre le risque de la retrouver hors jeu à cause de la mobilité de ce dernier ?). Orientez vos ouvertures dans un style classique (contrôle immédiat et direct du centre) ou hypermoderne (fianchetto). Les transpositions entre échecs classiques et Paco Sako sont donc possibles et la découverte de ce nouveau royaume est, à mon sens, fascinante.
Une variante pour tous ?
Le jeu d’échecs n’est pas le jeu le plus populaire qui soit (bien qu’il soit le plus populaire des sports de l’esprit). Il s’agit d’une niche. Inutile de vous dire que les variantes d’échecs sont, pour ainsi dire, « des niches dans la niche ». Elles sont très peu jouées. Toutefois, le Paco Sako porte en lui une philosophie et des valeurs pouvant attirer des joueurs n’appartenant pas au monde des échecs. Le matériel également est somptueux. Peut-être que les joueurs appréciant les danses de couple se pencheront sur cette variante.
Mais intéressons-nous aux joueurs d’échecs. J’identifie trois profils de joueurs qui peuvent ne pas apprécier :
- A) Le joueur d’échecs monomaniaque. Il s’agit d’un joueur arrogant et obtus. Ses aspirations sont énormes. Il veut devenir 2000, maître, voire grand Maître, peut-être même super Grand maître (dernière transformation, mais qui laisse des séquelles) et ne veut entendre parler d’aucun ersatz de jeu combinatoire (et surtout pas de jeu de Dames). Seul les échecs classiques comptent.
- B) Le Joueur débutant-intermédiaire voulant progresser et n’ayant pas beaucoup de temps pour le faire : Il s’agit d’un joueur en quête de vérité, de compréhension échiquéenne. Ce dernier, humble et conscient de ses lacunes et de sa finitude, estime ne pas avoir le temps de se disperser dans d’autres variantes.
- C) Le tueur. Pour ce type de joueur, pratiquer le Paco Sako n’est tout simplement pas envisageable. Cette discipline ne permet pas au joueur d’exprimer ses pulsions agressives.
C’est beau !
Ce qui m’a bluffé dans le Paco Sako, c’est l’esthétique des pièces ! En effet, le gameplay est étayé par un matériel original et somptueux, un design épuré, d’une élégance indicible. Le style Staunton des pièces est corrigé, ramené à un niveau de pureté parfaite. Le Staunton incarnait déjà sobriété et efficacité, le style Paco Sako porte le Staunton au delà de la limite de l’esthétique, il s’agit d’une œuvre d’art. Les pièces s’encastrent et ce, de façon parfaitement équilibrée. Elles dansent et s’enroulent les unes aux autres formant des Unions bicolores et féeriques. Vous le constaterez dans l’unboxing qui suit, le moulage par injection des pièces est professionnel. Ces dernières sont plombées, ce qui ne déplaira pas aux joueurs d’échecs.
Bref, tout est magnifique dans cette variante, son gameplay, la philosophie et la poésie qui lui sont inhérentes, sa beauté. Prenez deux pièces de couleurs différentes, unissez-les et vous obtenez une petite statuette décorative qui embellira votre bureau/étagère. Vous l’aurez compris, j’adore ce jeu. Et puisqu’il est question d' »adoration », je pense que Caïssa approuverait également.
II – Unboxing
Comme je le mentionnais précédemment, c’est l’esthétique du Paco Sako qui m’a amené à lui. C’est cette esthétique qui amènera d’autres joueurs et qui, dans la lumière les liera.
Pour le plaisir des yeux, voici le déballage en photos du Paco Sako :
Je remercie Felix pour le cadeau. C’est d’ailleurs ce set de pièces qui m’a permis de faire les photos en introduction.
Je m’empresse d’ouvrir cette boîte en carton. Aussi, je m’interroge quant à la présence de l’échiquier : Y a-t-il seulement les pièces, n’y avait-il pas un petit échiquier noir et blanc sur la vidéo de présentation ? Où est mon échiquier Felix ?!
La boîte est très réussie, le design est soigné et les couleurs fruitées. De loin, on dirait un paquet de petits suisses aux fruits.
Le texte est en néerlandais. C’est dans ces moments que je regrette mon manque d’assiduité en cours de langue (je plaisante : anglais LV1, rital Lv2).
Le carton du jeu coulisse. Le Paco Sako est un objet de luxe. La finition de la boîte est vraiment soignée. Felix a fait les choses bien, et je n’ai encore rien vu…
Mais que vois-je à la surface ? Ne serait-ce pas un échiquier en papier ?
Enfin les pièces ! Nous entrons dans le vif du sujet. Elles imposent le respect. Les pièces sont feutrées, il semble que la couleur de la feutrine change en fonction de la couleur de la pièce.
Je constate immédiatement et avec grand plaisir que les pièces sont plombées. Leur finition est excellente, il s’agit vraisemblablement de moulage par injection. On est loin du prototype réalisé à l’impression 3d. La présence scénique des pièces impose le respect. Notons également la présence de deux Dames supplémentaires. Car oui, la promotion existe aussi au Paco Sako.
Le joueur d’échecs se distingue des autres mammifères (comme les baleines) ou des bipèdes (comme la poule) par deux caractéristiques : le télencéphale hautement développé et le pouce préhenseur.
Le rendu est superbe, la prise en main agréable ! J’avais peur de ne pas retrouver la sensation des pièces d’échecs traditionnelles plombées. Et bien je ne suis pas déçu !
Seul bémol peut-être pour le plateau, mais ce dernier, bien qu’il soit en papier est très agréable et lisible. Je jouerai néanmoins sur un vrai plateau.
Enfin sur des vrais plateaux. Un jeu d’une telle finition mérite un plateau à sa hauteur.
III – Puzzles / Problèmes / Mats
Voici quelques problèmes de Paco Sako à résoudre classés par ordre de difficulté. Les problèmes sont posés sur échiquier physique. Les réponses sont notées dessous sur les diagrammes verts fléchés.
Le trait est indiqué sur la boîte blanche de droite devant chaque échiquier (que j’ai éditée avec un logiciel de retouche).
A) Problèmes faciles
B) Problèmes moyens et introduction aux boucles
(A suivre)
C) Problèmes difficiles
(A suivre)
IV – L’histoire du Paco Sako
Qui est l’auteur du Paco Sako ?
- Felix Christiaan Albers est un penseur créatif hollandais, inventeur du Paco Sako.
- Ce dernier est père d’un fils de (bientôt) 6 ans et d’une petite fille de 3 ans. Il vit à La Haye, siège du gouvernement des Pays-Bas et chef-lieu de la province de Hollande-Méridionale. Ancien barman, il est désormais designer et portraitiste. Felix a lui-même créé le design du Paco Sako. Fier de ses origines, il a d’ailleurs créé un échiquier sur lequel est dessiné une cigogne verte et jaune. Deux éléments représentant sa ville. La Haye est aussi connue pour être la ville de la paix et de la justice.
- Le plateau ci-dessous est réalisé en collaboration avec un artiste de La Haye s’appelle « The Hagues Streetstork« .
Genèse du Paco Sako
- Octobre 2014 : Le Paco Sako émerge de l’esprit de Felix en alors qu’il se consacrait à un projet artistique « The Moment of Life » censé explorer l’existence humaine dans tous ses domaines.
- Février 2015 : Les premières photos du jeu sont publiées sur Facebook.
- Janvier 2016 : Une campagne Kickstarter est lancée (avec des prototypes). Le jeu s’appelle alors Hugchess. Cette campagne donne de la visibilité au jeu. Mais Felix ne passera pas par la campagne participative Kickstarter.
- En effet, Felix est très vite contacté par l’éditeur Peter de Bruijne.
- 2016 : Les premiers moulages (par injection) en édition limitée sont réalisés.
- Eté 2017 : Les premiers jeux arrivent sur le marché.
- Janvier 2021 : Jérôme Forest découvre par hasard le Paco Sako sur Leboncoin. Un certain Jean-Jacques se chargeait de la vente au détail du Paco Sako. Jérôme (après avoir entamé des recherches poussées sur le Paco Sako) décide de contacter Felix pour lui faire part de son enthousiasme et disputer quelques parties en ligne. Quelques jours plus tard, Jérôme reçoit gratuitement un jeu et la France obtient le meilleur article jamais rédigé sur le Paco Sako (l’article que vous êtes en train de lire, oui).
Interview (ou devrais-je dire « pseudo interview », car j’intègre quelques apartés, fruits de mes réflexions philosophiques)
Félix : Le Paco Sako est intimement lié à ma vie. Lorsque mon fils est né, je me suis interrogé sur la notion et le rôle de père. Je désirais aussi enseigner les échecs à mon fils (Ndlr : Plus jeune, Félix jouait aux échecs traditionnels avec son père). J’ai senti qu’il serait beau, adorable si nous pouvions (ou si je pouvais) étreindre ses pièces (et donc lui) au lieu de les éliminer (l’éliminer lui). Cette idée m’était agréable et reflétait le monde et la vie que je désirais vivre ».
Enseigner la guerre Vs Enseigner la paix :
La réflexion de Felix soulève des problématiques intéressantes, notamment l’apprentissage de la capture, de la perte et du sacrifice. Toutes ces notions inhérentes au Roi des jeux, Roi du crime. Il est en effet plus facile, en tant que père ou formateur de jouer avec des pièces qui dansent, plutôt que des pièces qui se tuent. Comment justifier à l’enfant, chez qui l’imagination est florissante, que son armée va subir un génocide ? Bien sûr, ces concepts font partie de la vie, mais un jeu qui recèle en lui une telle violence symbolique est toujours difficile à enseigner à l’enfant. Surtout si l’enfant est moins bon dans ce domaine que ses autres camarades.
Quelle épouvante de voir ses pièces et son monarque se faire échiquéennement harceler par les autres enfants !
Mais n’ayez crainte, continuons à enseigner les échecs dans les établissements scolaires (et ailleurs) tant les bénéfices générés par ce jeu sont grands.
Mais qui sait, grâce à Felix, les intervenants échecs enseigneront peut-être en plus des échecs, le Paco Sako dans les écoles !
Les premiers pas du fils de Felix avec le Paco Sako et les autres jeux de l’esprit :
Felix : « Les enfants comprennent vite comment les pièces se capturent. Et cet instant de (mini) victoire est irrésistible. D’un autre côté, capturer les pièces de mon fils m’est difficile. Il est très intéressant de voir cette émotion chez l’enfant. Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas joué au Paco Sako selon les règles. Nous nous sommes contentés de créer des Unions et des danses. Nous l’avons fait plusieurs fois, promenant les pièces sur l’échiquier. Je lui ai expliqué le nom des pièces et la façon dont elles bougent. Je n’ai pas encore joué aux échecs traditionnels avec lui, il ne connaît rien d’autre que l’union des pièces entre elles. Il est magique de constater à quel point les enfants aiment placer les pièces ensemble. C’est déjà l’expression de quelque chose. Une fois, de manière inattendue, j’ai lancé : Et maintenant, je vais taper ta pièce. Et je l’ai éjectée hors du plateau. Sa réaction était marquante, elle exprimait le refus de ce coup jugé illégal et l’incompréhension devant cet acte de tyran. Quel était le sens de cette brutalité réciproque ? Je n’ai pour l’instant pas expliqué l’intégralité des règles à mon fils, mais cela viendra. J’aimerais qu’il découvre les règles (notamment les déplacements) lorsque j’aurai terminé mes tutoriels vidéo afin de voir sa réaction lors de l’explication.
J’ai aussi initié mon fils au Shogi à l’aide du « Shogito design » qui montre le déplacement des pièces. Il a intégré les règles rapidement et nous y jouons fréquemment. J’ai trouvé marrante, mais aussi, violente sa réaction lorsque, lors de notre première partie j’ai éliminé toutes ses pièces. Il a pleuré toutes les larmes de son corps. Je ne l’avais jamais vu aussi triste (je l’ai en vidéo).
Moi : C’est toujours difficile pour un enfant de se faire tyranniser de la sorte par son père. Le mien me flagellait avec une ceinture (je pense que s’il avait découvert le Paco Sako, tout ceci ne serait pas arrivé).
Félix : Aussi, juste après, il a littéralement refusé de bouger sa dernière pièce. Il ne restait à cette dernière qu’un déplacement qui lui était létal (Ndlr : un Zugzwang).
J’en ris aujourd’hui, mais j’ai été surpris par l’intensité dont il a vécu cette expérience.
Moi : Passer du Paco Sako au Shogi (ou aux échecs traditionnels) est en effet violent. Il est délicat de faire la guerre avec des figurines après avoir dansé avec ces dernières.
Felix : J’apprends tous les jours et suis très curieux de la façon dont mon fils va percevoir et ressentir le Paco Sako lorsqu’il en connaîtra ses subtilités et sa règle. Je pense que cela va se jouer cette année. Aussi, il aime jouer aux tortues ninja et je pense que cela le fait déjà réfléchir !
Moi : Les Tortues ninja jouent au Pizza Sako
Felix : Cela lui permet de réfléchir à des concepts et idées philosophiques qui se cachent derrière. Il s’intéresse beaucoup aux histoires de guerre (bien que je ne l’ai pas bombardé avec cela). Mais je lui ai expliqué quels étaient l’origine et le sens du Paco Sako. Cela a suscité chez lui beaucoup d’intérêt.
Le Paco Sako a été pour moi un voyage passionnant, il y a tellement à dire, à considérer et trouver. Aussi, il me rappelle mes parties d’échecs que je disputais avec mon père, enfant, j’ai voulu recréer ces moments d’intimité avec mon fils.
Le Paco Sako, à l’instar du jeu d’échecs, possède sa profondeur. Tous ces jeux contribuent au développement cognitif du joueur. Aussi, je pense que le Paco Sako crée de nouvelles opportunités en ajoutant une approche philosophique et éducative.
Moi : Le Paco Sako m’apparaît comme une utopie de l’univers échiquéen.
Peut-être qu’un jour, cette chimère aura sa place parmi nous. Peut-être que tout le monde y jouera.
V – Liens
Vous l’avez compris, au Paco Sako, il est question d’unions et de liens, voici donc la liste des liens indispensables :
- Serveur Discord : Je passe par le serveur Discord afin de trouver des parties. Vous trouverez également une rubrique Puzzle dans laquelle nous mettons des paco (mats) à résoudre.
- Groupe FB officiel
- Groupe FB du Paco Sako France
- Site officiel pour jouer en ligne : Le site stocke les parties. Il vous est possible de voir les replays. Le numéro de chaque puzzle (chapitre III de l’article) correspond au numéro du site.
Il vous est possible de revisualiser les parties de l’open de Hollande. Elles sont numérotées de 170 à 176. - Site officiel
- Twitch : Sur lequel Felix fait ses lives.
- Où acheter un Paco Sako ? Chez Wilson Jeux, Variantes, Philibert ou encore Amazon.
Merci à Raimond Fluijt, mon sparring partner et ancien vainqueur de l’open de Hollande de Paco Sako. Toujours disponible pour une partie. Merci à Rolf Kreibaum développeur du site pacoplay.com pour sa disponibilité et surtout…
Un grand remerciement à Felix pour la variante qu’il m’a offerte (au propre comme au figuré).
La beauté du Paco Sako est ineffable, sa profondeur, enivrante. Pas étonnant que ce jeu ait alimenté ma créativité photographique. Cette rencontre (virtuelle) avec Felix est une faveur. Le Paco Sako injecte dans l’histoire des variantes d’échecs son empreinte poétique. Ce jeu-œuvre d’art mérite sa place dans la collection de tout joueur et de tout artiste. Il nous rappelle que tout est connexion : au tango, aux échecs (qui sont un fil rouge pour aller vers l’autre) et d’une manière générale, dans la vie.
« Paco ».
Pousseurdebois
25/01/2021
Jeu concours Paco Sako
Gagnez un Paco Sako. Le jeu est offert par la société Wilson Jeux que je remercie.
Durée du concours St Roméo (25/02/2021) – Ste Juliette (30/06/2021)
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